Perfluorés, la suite
Comme elle s’y est engagée depuis le printemps 2022 (voir notre article), votre municipalité reste attentive à l’évolution de cette question sensible et reste constante dans la transparence des informations dont elle dispose. A l’heure où la Préfète nous recommande de ne pas consommer d’oeufs ou la chair des volailles, issus de poulaillers de Solaize, que sait-on et qu’est-ce qui est prévu ?
Comment la situation évolue t-elle ?
Les analyses continuent et montrent l’ampleur de la pollution.
Le cycle de l’eau est touché : eaux superficielles, eaux souterraines et eaux usées en entrée et sortie de stations d’épuration, les perfluorés sont partout, en quantité très hétérogène.
L’analyse des poissons, menée en lien avec la fédération de pêche du Rhône, a rendu son verdict avec des seuils de contamination importants et diversifiés selon les espèces. Les analyses effectuées en novembre 2022 et janvier 2023 ont montré que les perfluorés sont présents dans toutes les espèces prélevées avec des concentrations (en particulier de PFOS) dépassant la norme européenne sur les denrées alimentaires. Cette situation n’est pas propre à Solaize, l’imprégnation concerne aussi le canal de Jonage ou le Garon. Les services de l’Etat recommandent donc de ne pas consommer les poissons pêchés dans le Rhône à l’aval de Pierre Bénite.
L’analyse des végétaux et en particulier de légumes irrigués avec l’eau du Rhône a montré des teneurs moins élevées mais tout de même une présence confirmée avec des dépassements en PFOA sur les mâches dans certaines des communes investiguées. Solaize ne fait pas partie de ces communes mais peut être le sera t-elle à l’occasion des prochains prélèvements à réaliser.
Les oeufs : 26 points de prélèvements sur les 30 présentent un dépassement des valeurs réglementaires européennes (analyses et communiqué de presse). Les prélèvements ont été effectués à Pierre Bénite, Oullins, Irigny et St Genis Laval. En application du principe de précaution, les autorités recommandent donc de ne pas consommer les oeufs produits par un poulailler ou la chair des volailles des communes suivantes : Brignais, Chaponost, Charly, Feyzin, Francheville, Irigny, La Mulatière, Lyon 7, Lyon 8, Oullins, Pierre-Bénite, Saint-Fons, Saint-Foy-lès Lyon, Saint-Genis-Laval, Solaize, Vernaison et Vourles.
L’eau d’alimentation : les analyses de juillet, septembre et décembre 2022 ont confirmé les résultats de juin 2022 à Solaize : la somme des 20 PFAS est supérieure à 100 ng/litre jusqu’à approcher le double de la norme. Pourtant, l’ARS ne recommande aucune restriction et indique simplement que pour le champ captant desservant notamment Solaize : « plusieurs options sont à l’étude pour diminuer la concentration en PFAS, à court terme par une interconnexion avec le réseau de la métropole de Lyon, à moyen terme par une station de traitement »
Quel Plan d’actions ?
Au delà des analyses qui se poursuivent pour cartographier, quantifier et qualifier la pollution, plusieurs hypothèses sont envisagées par l’Etat et La Métropole sur le champ captant de Ternay, celui qui alimente Solaize :
- diluer notre eau du robinet avec un apport d’eau provenant d’un champ captant non touché – coût : 10 à 20 millions d’€ – échéance > 3 ans
- traitement des eaux par un renouvellement plus fréquent ou continu des charbons actifs filtrants (investissement limité mais coût d’exploitation important) voire par osmose inversée (10 à 12 millions d’€ d’investissement et couteux en énergie)
Pour l’instant, la municipalité ne sait pas du tout quelle hypothèse sera privilégiée.
Bien qu’on observe une évolution vers de la transparence des données sur la Vallée de la Chimie (site de la Préfecture du Rhône), c’est d’abord la suppression de la pollution à la source qu’il faut obtenir. En bref, interdire tout rejet de perfluorés dans le Rhône.
C’est le chemin qu’a pris par la Préfecture puisqu’Arkéma doit progressivement diminuer ses rejets d’ici à fin 2024. On peut estimer que ce n’est pas satisfaisant mais l’orientation est bien d’aller au 0 rejet. La quantité totale en PFAS rejetée est passée à 74 kg en novembre 2022, 57 kg en décembre 2022, 54 kg en janvier 2023, 6 kg en février 2023 contre 340 kg par mois avant le lancement de l’alerte, selon les données transmises.
En outre, la norme européenne (Directive (UE) 2020/2184 relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine) que le gouvernement français ne prévoyait pas de transcrire dans le droit français avant 2026, est finalement applicable depuis le 1er janvier 2023 (Arrêté du 30 décembre 2022). Cette norme s’impose à tous dès à présent.
Votre municipalité suit avec une grande attention ce qui va se faire, elle maintient sa veille et demande des résultats.